Jean Puy et les origines de l'art du XXe siècle | ULRIKE KASPER
Par leurs révolutions artistiques, les impressionnistes et les fauves ont ouvert la voie à l’art du XXe siècle en cherchant l’autonomie du geste et l’autonomie de la couleur. Désormais, la peinture se détache de la nature et les fondements de l’abstraction sont posés.
Par son amour pour la lumière et ses recherches sur la couleur, Jean Puy se lie d’amitiés avec Matisse, Derain et Marquet. Cependant, tandis que certains de ses contemporains évoluent vers un art de plus en plus abstrait en s’interrogeant sur ses fondements universels et en questionnant sa dimension représentative, Jean Puy reste fidèle à ses recherches initiales.
Et pourtant, les deux voies parallèles n’arrivent-t-elles pas, chacune à leur manière, à transcender le monde matériel ?
Ulrike Kasper est docteur en histoire de l’art, conférencière, peintre et auteur.
Après avoir enseigné à la Sorbonne Nouvelle pendant dix ans, elle enseigne à L’Institute of European Studies (Université américaine privée à Paris). Depuis de nombreuses années, elle donne des cycles de conférences sur l’art moderne et contemporain au Centre d’histoire de l’art de Chatou, au Musée d’art moderne de Sainte Etienne, au Musée des Beaux-Arts de Lyon ainsi qu’à Chambery. En tant qu’auteur, elle a écrit deux livres sur l’art et la philosophie du compositeur John Cage, publiés en 2005 et 2011, puis en 2015 elle publie L’Art contemporain pour les Nuls. Elle a également rédigé des applications pour IPhone (Le Palais Royal entre culture et pouvoir, Les artistes à Montparnasse, Les impressionnistes à Chatou).

André Metthey et la céramique des fauves | ÉRIC-PIERRE MOINET
En 1906, Ambroise Vollard décide de s’intéresser à la céramique : art en pleine mutation et très à la mode depuis la fin du XIXe siècle. Il met en relation les peintres qu’il soutient avec un jeune potier très prometteur, André Metthey, afin de produire des céramiques nouvelles par leur forme et leur décor. C’est ainsi qu’entre l’hiver 1906 et l’été 1907, la plupart des artistes émergents, fauves ou nabis, vont fréquenter l’atelier de Metthey et réaliser des pièces uniques, à la beauté parfois sauvage et très colorées.
Cette expérience de la modernité en céramique ne reçoit pas, à l’époque, un accueil favorable de la critique et des amateurs et se trouve rapidement oubliée. On la redécouvre depuis une trentaine d’années…
Éric-Pierre Moinet, Conservateur général du patrimoine, a été conservateur adjoint du Musée de l’Abbaye Sainte-Croix (Sables d’Olonne), conservateur en chef du Musée Joseph Déchelette (Roanne), directeur des musées d’Orléans, conseiller pour les musées à la DRAC Rhône-Alpes, conservateur chargé des arts décoratifs à la direction des musées de France avant de devenir directeur du département du patrimoine et des collections de l’établissement public de Sèvres-Cité de la céramique. Il est également commissaire de l'exposition Jean Puy -Ambroise Vollard : un fauve et son marchand.

Ambroise Vollard : marchand d'art et éditeur | CLARA ROCA
Figure hors norme du marché de l’art au tournant du siècle, Ambroise Vollard (1866 - 1939) se distingue par son audace qui fit de lui le promoteur de Cézanne et de Gauguin, du jeune Picasso ou de Rouault.
On connaît moins le rôle pourtant capital qu’il a joué dans le domaine spécifique de l’édition d’estampes et de livres illustrés. Passionné par cette activité d’éditeur et lui-même auteur, Vollard y investit les bénéfices retirés du négoce plus lucratif des toiles des maîtres modernes qu’il soutenait, parmi lesquels Jean Puy.
Lorsqu’il décède brutalement à l’aube de la Seconde Guerre Mondiale, Vollard laisse derrière lui une somme imposante de projets qui témoignent de son implication dans le profond renouvellement de l’édition de luxe au début du XXe siècle.
Clara Roca est archiviste-paléographe, diplômée de l’École nationale des chartes (2016), et conservatrice du patrimoine, diplômée de l’Institut national du patrimoine (2019). Elle est aujourd’hui en charge de la collection d’arts graphiques, de livres et de photographies des XIXe et XXe siècles au Petit Palais – Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris. Elle y assure le commissariat de l’exposition Edition limitée. Vollard, Petiet et l’estampe de maîtres (26 janvier – 23 mai 2021).

LES FAUVES ET LA TAPISSERIE | BRUNO YTHIER
Jean Puy et ses contemporains ont diversifié leur production, travaillant différentes techniques : peinture, dessin, gravure, céramique… Raoul Dufy, Jules Migonney, Georgette Agutte-Sembat, Louis Valtat et d’autres se sont aussi intéressés au textile et en particulier à la tapisserie.
Vouloir faire tisser une tapisserie à cette époque, c’est approcher un médium en plein questionnements, en pleine évolution, en pleine révolution. Les grandes manufactures publiques (Beauvais , Les Gobelins) ou privées (Aubusson) sont incapables de répondre à ce que les artistes d’avant-garde attendent alors de la tapisserie. Beaucoup font faire leurs expérimentations textiles dans leur environnement familial proche, en se rabattant sur des techniques de broderies. Il faut attendre la fin de la Première Guerre Mondiale pour que la technique évolue et prenne mieux en compte les attentes des artistes.
Lors de cette conférence, Bruno Ythier, conservateur du Musée Joseph Déchelette, reviendra sur la genèse de la tapisserie fauve et postimpressionniste, présentera la place que l’artiste occupe dans la création d’une tapisserie et commentera quelques exemples d’expérimentation, présentées à l’époque dans de nombreuses expositions, comme le Salon des artistes décorateurs.
Bruno Ythier est actuellement conservateur en chef du musée Joseph Déchelette.
Ancien conservateur en chef de la cité internationale de la Tapisserie - Aubusson, directeur du musée des Manufactures de Dentelles à Retournac et chercheur à l’inventaire général des monuments et des richesses de France pour la DRAC Auvergne.
